Quel imaginaire anime cette collection Artisanal 2025 ?
La Maison Margiela, sous la direction de Glenn Martens, plonge cette saison dans une rêverie médiévale venue du Nord. Flandres gothiques, intérieurs renaissance néerlandais, motifs baroques et symbolisme pictural forment le socle culturel de cette Artisanal 2025. Entre silhouettes élancées comme des tours et corps sculptés façon cathédrales, le vestiaire devient architecture sacrée.
Comment le corps est-il travaillé et théâtralisé ?
Chaque look repose sur un corset anatomique découpé sous les côtes et autour du bassin. Cette structure sculpte le torse, le dissocie visuellement du reste du corps et évoque la statuaire religieuse. Drapés mouillés à la manière des marbres antiques, effets de transparence ou de compression plastique renforcent cette théâtralité du corps comme objet symbolique, à la frontière du mystique et du médical.
Quels matériaux détournés traduisent la posture Margiela ?
Dans une fidélité manifeste aux codes maison, la collection foisonne de matériaux ordinaires repensés : papier d’imprimante, brocarts usés, bijoux fantaisie oubliés, cuir de biker recyclé. Même les masques — compressions de boîtes métalliques — détournent l’attention du visage vers l’artisanat. L’upcycling ici ne se limite pas à un geste éthique, mais devient procédé poétique.
Quel rôle jouent les imprimés et les références picturales ?
Les silhouettes sont saturées d’impressions : natures mortes hollandaises, papiers peints floraux en cuir embossé, trompe-l’œil inspirés de Gustave Moreau. Ces motifs deviennent matière première. Imprimés sur plastique, satin, tulle ou papier, ils se déploient en volumes ailés, bustiers fantomatiques ou robes-tableaux. Le vêtement se transforme en surface picturale mouvante.
Comment la chaussure iconique de Margiela est-elle réinterprétée ?
La Tabi, signature fétiche de la maison, mute cette saison en version griffue : en cuir peint, plastique imprimé, brocart doré, parfois perchée sur des semelles en plexiglas. Elle accompagne chaque silhouette, renforçant son étrangeté et son ancrage fétichiste. Une version Santiago sans talon la complète, pour un jeu subtil entre ancrage terrestre et élévation mystique.
Pourquoi repérer cette collaboration aujourd’hui ?
Parce qu’elle condense comme rarement la grammaire Margiela dans une vision totale, sensorielle, érudite. Glenn Martens y orchestre un théâtre textile où chaque couture, chaque matière, chaque silhouette devient une déclaration d’intention sur l’art, la mode et la mémoire.